La bataille d'Antietam 17 septembre 1862

La bataille d'Antietam, du nom de la rivière Antietam près de laquelle s'est déroulé l'affrontement, fut la bataille la plus sanglante depuis le début de la guerre. Elle mit un terme à la campagne du Maryland de l'armée de Virginie conduite par le général Lee. En plus de la victoire stratégique de l'Union elle va avoir deux énormes conséquences sur le cours de la guerre. Les nations européennes seront confortées dans leur idée que le Sud ne peut plus gagner la guerre et garderont de plus en plus leurs distances vis-à-vis de la Confédération brisant ainsi l'un des espoirs de Jefferson Davis. Le second point est que la nouvelle de la victoire d'Antietam donna à Lincoln l'assise politique suffisante pour faire passer sa proclamation sur l'émancipation des noirs qui stipule que tous les noirs des territoires sudistes, hors contrôle de l'Union, sont libres à jamais. Cette proclamation sera considérée comme "la plus abjecte décision" par le président Davis.

La bataille d' Antietam sera la plus grande confrontation à avoir eu lieu sur le territoire nordiste de la guerre, elle se déroula dans l'état du Maryland. Après leur succès lors de la seconde bataille de Manassas, les forces sudistes du général Lee, soit 55000 hommes, se déplacèrent vers le nord afin de porter la guerre en territoire ennemi. Cette campagne du Maryland devait se jouer simultanément avec l'armée du Kentucky du général Braxton Bragg. Davis était persuadé qu'une nouvelle victoire lui donnerait l'appui international dont il avait désespérément besoin pour faire reconnaître sa confédération tout en augmentant le nombre de sympathisants à sa cause. Les Sudistes étaient même convaincus d'être bien accueillis au Maryland. Mais malgré leur chant "Maryland my Maryland" les regards se fermaient à leur passage. La cause de l'Union avait définitivement emporté les cœurs de cette région.

Pour parer à cette menace le nord envoya le général Mc Cllelan et ses 75 000 hommes de l'armée du Potomac afin de contrer le mouvement offensif de Lee. Par un heureux coup du sort, le plan de bataille du général sudiste tomba entre les mains des Nordistes révélant ses positions et ses intentions. Mais MC Clellan demeurait le même et ne profita pas de l'occasion alors que le plan montrait que Lee avait clairement divisé ses forces. Il pouvait être plus facilement défait si les forces nordistes se jetaient sur ses unités les unes après les autres. Mc Clellan ne bougea pas. Les forces sous les ordres du général Jackson s'emparèrent d'Harper Ferry tandis que Mc Clellan lancé enfin à la poursuite de l'armée de Lee était ralenti à la bataille de la passe de la "montagne sud". Cette action d'arrière-garde qui coûta aux Sudistes près de 2600 hommes avait tout de même eu le bénéfice d'accorder le temps nécessaire au général sudiste pour concentrer ses troupes près de Sharpsburg et s'installer dos à la rivière Potomac dans une position défensive sur les hauteurs. Lee ne dispose que de 18000 hommes, les forces de Jackson sont encore occupées à Harper Ferry et les troupes ennemies qui approchent sont 3 fois supérieures en nombre.

le jour le plus sanglant de l'histoire des Etats-unis

Mais les Nordistes étaient commandés par Mc Clellan et l'incoryable capacité de cet homme à voir des ennemis partout où il n y en avait pas allait se révéler encore une fois catastrophique pour le nord. Ce dernier estime les forces à 100 000 hommes soit bien plus que ses propres forces et l'armée du Potomac s’arrête. Les forces sudistes séparées des Nordistes par la rivière Antietam, reçoivent enfin leurs renforts rétablissant l'équilibre. Mc Clellan après avoir reconnu les forces ennemies, se décide à un assaut pour le 17 sur le flanc gauche des Sudistes sur un pont de pierre par-dessus l'Antietam tandis que plus au nord les troupes du général Hooker attaqueraient les lignes défendues par Jackson et Longstreet. L'assaut commença par un duel d'artillerie, Hooker fit placer des batteries supplémentaires afin d’assommer les défenseurs de la crête face à lui. Les différents détachement nordistes se heurtèrent aux Georgiens, troupes d'Alabama, les tigres de Louisianne et autres Caroliniens du Nord et s'engagèrent dans un combat sanglant qui ne vit personne prendre l'avantage. L'artillerie nordiste plus nombreuse et plus puissante fit des ravages dans les rangs ennemis mais l'infanterie grise résista aux assauts de l'Union. Plus à l'ouest, la "Iron Brigade" arriva à battre les troupes opposées à elles mais dut battre en retraite face à une contre-attaque des Texans de la division de Hood. Avec un taux de pertes de près de 60% les Texans rétablirent l'équilibre et la ligne confédérée sembla tenir bon. Devant le carnage, Hooker demanda le renfort du corps de Mansfield mais les progrès de cette nouvelle unité furent légers et Hooker, blessé par un tireur d'élite, abandonna son commandement à son subordonné qui fut lui-même blessé laissant l'ensemble de ses forces sans ordres. Les Nordistes du flanc droit se replièrent quand les forces du général nordiste Sumner se firent hacher par l'artillerie sudiste à cause de leur formation serrée inadaptée et l'absence de coordination avec les autres corps de l'Union.

L'attaque sur le flanc droit sudiste était un échec, Hooker était blessé ainsi que son subordonné le général Ricketts, 13000 hommes de part et d'autre étaient déjà tombés. Vers midi, l'action se déplaça vers le centre mais n'eut guère plus de succès. Le corps de Sumner fut encore durement engagé, la division de French fut repoussée mais l'arrivée de la division de Richardson permit de stabiliser la ligne et empêcher son écroulement. Plus à gauche la brigade irlandaise attaqua la ligne confédérée à son tour et fut repoussée avec pertes. Enfin sur le flanc droit du corps de Sumner, la brigade de Caldwell réussit à prendre la ligne ennemie en enfilade et à provoquer son retrait. L'attaque nordiste fut finalement repoussée par l'artillerie hâtivement massée par Longstreet afin de les repousser. Sur ce seul secteur qui reçut le triste nom de Bloody Lane, plus de 5600 hommes des deux camps furent tués ou blessés. Richardson tué fut remplacé par Winfield Scott Hancock. Le 6ème corps du général Franklin était arrivé et ses 12000 hommes pouvaient percer le front confédéré fragilisé à cet endroit. Mais cette ultime réserve ne fut pas envoyée par Mac Clellan qui préféra ne pas risquer ses dernière forces alors que l'ennemi était au bord de la rupture.

Dans l'aprés-midi les combats se déroulèrent plus au sud. La division de Burnside soit 12500 hommes faisait face à des forces sudistes réduites car Lee avait puisé dans cette partie du champ de bataille pour renforcer sa ligne sévèrement attaquée au nord. Pourtant Burnside qui ne reçut ses ordres que tardivement ne bougea pas avant 10 heures. Bien qu'elles aient été défendues par 3000 hommes, Burnside devait s'emparer des hauteurs en traversant un petit pont de pierre qui prendrait bientôt le nom de "Burnside Bridge". Les assauts pour s'emparer du pont allaient se succéder, les hommes du 11th régiment du Connecticut puis le 6th régiment du Maryland et le second du New Hampshire. Mais le troisième mené par les soldats du 51st de Pennsylvanie et du 51st New-York parvint à s'emparer du pont. Les Sudistes se retirèrent après avoir tenu en échec les forces de Burnside trois fois plus nombreuses et infligé plus de 500 pertes aux tuniques bleues.

Une fois de l'autre côté Burnside perdit du temps à faire transporter ses munitions sur le pont laissant à Lee la possibilité de se repositionner pour lui faire face et éviter d'être coupé en deux par l'attaque de Burnside. Il comptait, en outre, sur l'arrivée des forces de Hill pour s'occuper des troupes de Burnside. Les troupes de ce dernier commencèrent à causer la panique sur le flanc droit de Lee mais à 3h30 la division de Hill arriva et se prépara à contre attaquer. Le corps de Burnside avait mis bien trop de temps pour traverser l'Antietam et se trouvait maintenant confronté à des troupes fraîches. Ce fut au tour des troupes de Burnside de se replier quand leur flanc gauche fut violemment attaqué par les brigades nouvellement arrivées. Bien que supérieur aux forces sudistes qui lui faisaient face, le général nordiste préféra battre en retraite mais en gardant le pont sous son contrôle. Il avait laissé passer une occasion unique de causer de gros dommages à l'armée de Lee. Les Sudistes se préparèrent pour une nouvelle bataille le lendemain qui ne vint jamais et finalement, ayant subi des pertes aussi lourdes que son adversaire, ils préférèrent mettre un terme à la campagne du Maryland et rebroussèrent chemin vers la Virginie.

La bataille était terminée, elle avait coûté 12 401 tués, blessés et disparus aux forces de l'Union et 10 318 autres aux troupes sudistes. 3 généraux de l'Union et deux généraux sudistes étaient morts. Jamais dans l'histoire américaine il n y eut autant de tués en une seule journée de bataille. Tactiquement Lee n'a pas été battu car les forces nordistes n'ont point réussi à percer sa ligne de défense mais devant l'ampleur de ses pertes qui représentaient le tiers de son armée il ne pouvait plus envisager de campagne en territoire ennemi et après une trêve pour s'occuper des morts et des blessés, les forces de l'armée de Virginie du Nord reprirent la route du Sud. La campagne du Maryland était terminée, elle était une victoire stratégique au coût faramineux mais donna néanmoins l'occasion à Lincoln de relever Mc Clellan pour son manque d'initiative et de bon sens durant cette campagne. Bien que vainqueurs, les forces de l'Union ne poursuivirent pas les troupes confédérées et laissèrent Bobby Lee s'échapper.

Lincoln, grâce à ce succès, pouvait maintenant proposer au Congrès son texte sur l'émancipation des noirs. Ce texte humanitaire avait pour ambition de donner une caution humanitaire aux forces de l'Union aux yeux des puissances étrangères. La France et l'Angleterre ne pouvaient plus reconnaître la Confédération de Davis sous peine de se ranger officiellement du côté des esclavagistes et mécontenter gravement leurs opinions publiques respectives. La cause de l'Union s'en trouva renforcée intérieurement et extérieurement, Des bataillons de soldats noirs allaient bientôt renforcer les forces de l'Union ajoutant encore au symbole de l'émancipation et du combat du peuple noir pour sa liberté. La bataille d' Antietam causa un tort extrême à la Confédération par ses conséquences politiques plus que militaires et marqua un réel tournant de la guerre.

(illustration le 51st régiment de Pennsylvanie sur le pont de Burnside peinture de Don Troiani)

Le pont sud de la rivière Antietam qui reçut après la bataille le nom de "Burnside bridge" en hommage aux troupes du général Burnside qui s'acharnèrent à le traverser.