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L'armée confédérée en 1861

Publié par Olivier Millet

Le congrès des états confédérés autorisa le 21 février 1861 la création de l'armée sudiste. Cette armée regroupait 3 éléments distincts : prenant modèle sur ce qui se faisait au Nord, les Sudistes voulaient créer une armée régulière à l'effectif modeste (environ 15800 hommes). A cette composante professionnelle s'ajoutait le gros des forces militaires dans l'armée de réserve qui regroupait les volontaires et enfin les milices des états qui n'intervenaient que dans la protection de leur état respectif.

Le 6 mars 1861, le congrès confédéré autorisa le recrutement de 100 000 volontaires pour 12 mois. Ces 100 000 hommes qui devront être équipés et armés par leur état, district ou comté et villes d'origine s'ajoutaient aux 60 000 hommes déjà levés dès la guerre commencée le 12 avril 1861.

En mai 1861, le Congrès confédéré autorisa le recrutement de 400 000 hommes supplémentaires mais les moyens étant insuffisants pour les armer tous, seuls 200 000 seront retenus. Les chiffres exacts sont d'ailleurs inconnus quant au nombre de combattants de l'armée confédérée ; on estime ce nombre entre 500 000 et 1.4 millions d'hommes pour la durée de toute la guerre.

L'infanterie:

L'organisation des régiments d'infanterie est en tous points identique à celle du nord. Ils ont 8 compagnies soit 843 hommes pour l'infanterie régulière et 10 compagnies soit 1045 pour l'infanterie volontaire. Très rapidement les régiments seront tous théoriquement à 10 compagnies et 1000 hommes. L'uniforme choisi est le gris comme les cadets de l'école militaire de West Point. Dans les faits, les unités de volontaires ou de miliciens auront un large panel de tenues disparates parfois bleues comme le nord occasionnant des méprises sur le champ de bataille. Si le nord fera table rase de cet ensemble de tenues pour adopter un uniforme bleu pour tous ses hommes, le sud souffrira de problèmes pour maintenir une qualité optimale dans la fourniture de tenues à toutes ces troupes. Comme le nord, Richmond standardisera son uniforme qui demeurera gris pour toute la guerre avec des nuances chromatiques selon les ateliers de fabrication ou les importations et des qualités allant du très bon au pire. Le bleu pale est la distinctive de l'infanterie et se retrouvait dans la première tenue sur le col, les manches et les lacets de pattes d'épaules et de poitrine.

L'artillerie:

L'artillerie était organisée comme dans le nord en régiments et en batteries et ses canons étaient sensiblement du même modèle avec plus de modèles d’import - et notamment des canons britanniques - que dans le nord qui, lui, fabriquait tous ses canons. On distinguait les canons à âme lisse des canons à âme rayée mais aussi ceux à chargement par la bouche, qui formaient la majorité, et ceux à chargement par la culasse, comme les Withworth anglais. L'artillerie confédérée comptait 16 régiments et entre 220 et 260 batteries. Le rouge est la couleur distinctive de cette arme sur les tenues. Comme l'infanterie les unités locales affichaient parfois des tenues très variés et spectaculaire mais qui disparurent peu à peu après 1861 pour faire place a un uniforme standard

La cavalerie:

La cavalerie sudiste, considérée comme supérieure à son homologue du nord, était plus délicate à former, le nombre de chevaux disponibles limitant le nombre de régiments. Les hommes du Sud, vivant en majorité dans un milieu rural, étaient de meilleurs cavaliers et étaient naturellement plus aptes au service des troupes montées. Les combats du début de la guerre confirmeront leur qualité, mais le nord compensera cette qualité naturelle par un armement supérieur et plus moderne avec les carabines à tir rapide Sharp et Spencer. Le jaune est la couleur distinctive de la cavalerie que l'on retrouve sur le col, les manches et les lacets de l'uniforme du premier modèle, les unités de volontaires locaux possèdaient des tenues qui leur étaient propres.

 

Une mise en place difficile :

La logistique se mit doucement en marche ; pour l'anecdote, on fit appel aux femmes sudistes et à leur pots de chambre pour fournir le nitre nécessaire à la confection de la poudre. Le cuivre était récupéré pour les amorces, le bronze des cloches pour les canons. On prospecta pour trouver du salpêtre et du nitre. Une industrie de la poudre fut mise en place à Augusta. Les importations, gênées en partie par le blocus, fournirent la majorité des ingrédients nécessaires à la fabrication de la poudre en plus de la fourniture d'armements. Contrairement à une idée reçue, le sud ne manquera pas de matériel et son armée sera la plupart du temps correctement fournie en munitions, en armement grâce au travail exemplaire de son responsable du service du matériel, Josiah Gorgas, Le Sud était dépourvu d'industrie lourde et bien entendu ne possédait presque pas d'arsenaux, à l'exception de la fonderie de canons de Tredegar et des fabriques de fusils de Richmond et Fayetteville. La récupération d'armes sur les champs de bataille, les achats à l'étranger et la mise en place tant bien que mal d'une petite industrie d'armement permirent au soldat sudiste qui avait besoin de souliers, vêtements, couverture, tentes de posséder une arme et une tenue réglementaire et réglementée depuis 1861. Heureusement la situation globale alla s'améliorant et le soldat sudiste fut correctement habillé la plupart du temps mais en connaissant toutefois des périodes de pénurie, criante selon les théâtres.

Le corps des officiers était le point fort du sud ; 7 académies militaires sur 8 se trouvaient dans un des états de la confédération, de nombreux officiers supérieurs avaient fait leurs preuves dans la guerre du Mexique et le meilleur d'entre eux, le général Robert Lee, accepta de prendre le commandement des forces militaires de Virginie. Tout au long de la guerre les Sudistes eurent de remarquables officiers des trois armes dans leurs rangs ce qui faisait défaut aux forces de l'Union au niveau de l'état-major du moins dans la première partie de la guerre.

La marine:

La marine sudiste n'existait pas. Seuls des officiers et des marins avaient déserté la marine de l'Union mais ils n'avaient presque pas de bateaux. On dut avoir recours à des navires marchands transformés, des batiments capturés, des corsaires et des prototypes submersibles ou blindés pour lutter contre la marine de l'Union qui montait en puissance. La partie maritime fut une des grandes causes de la chute de la Confédération. Le blocus des ports sudistes par les navires unionistes interdit en partie l'importation des denrées nécessaires aux combattants mais aussi aux civils du sud. Fin 1861 la marine nordiste alignait déjà 260 navires contre presque rien pour le Sud. Par contre la marine sudiste fit une utilisation habile des vaisseaux cuirassés, les premiers de l'histoire moderne et infligèrent des pertes à la marine en bois des États-Unis. Mais là encore, la force industrielle du Nord permit de copier puis de surpasser les innovations technologiques du Sud. La guerre de Sécession fut l'occasion d'assister au premier combat entre navires cuirassés de l'histoire à Hampton Roads en mars 1862 entre le CSS Virginia et Le USS Monitor. Le sous-marin et la mine flottante furent également utilisés pour la première fois au combat par la marine confédérée. Mais le nord finit par étrangler les côtes sudistes, et les quelques dizaines d'Ironclads confédérés ne faisaient plus le poids. Les corsaires ou briseurs de blocus tombèrent pour la plupart entre les mains de l'US Navy et les micro flottilles des fleuves ne purent empêcher les navires blindés fluviaux du nord de prendre possession de ces artères vitales pour le Sud. La guerre navale fut à peu de chose près à sens unique, l'initiative appartenant presque toujours au Nord.

 

Le soldat sudiste "johnny Reb" pour les nordistes, ne partit pas au combat avec les mêmes atouts et faiblesses que son adversaire du nord. Habitué à des conditions plus dures, il était plus rustique et donc plus apte à se passer d'un minimum de confort comme d'une tente par exemple. Bon cavalier, bon tireur il était en outre commandé par des leaders d'exception. Si il ne manqua jamais de balles ni de mousquets, il eut plus de mal à se nourrir, à s'habiller et à être correctement soutenu par les services de santé ou de l'intendance en grande partie a cause d'une logistique défaillante et a une infrastructure routière et ferroviaire moins étoffée qu'au nord. Les uniformes neufs attendant sagement dans les dépôts parfois durant tout le conflit au lieu d'être livrés aux hommes. Le blocus du nord allait en outre affecter les populations civiles et donc le moral des hommes au front. La politique de terreur qu'appliqueraient les forces de l'Union en 1864 qui ravagea les territoires du sud finira de ruiner ses chances d'une hypothétique victoire. On estime à 260 000 le nombre de soldats sudistes tués dans la guerre de Sécession soit un soldat sur 4 qui combattirent dans ce conflit.

Monument à la gloire des soldats confédérés, érigé en 1874 par une association de femmes de Louisiane

Monument à la gloire des soldats confédérés, érigé en 1874 par une association de femmes de Louisiane